Texte de Sophie BERTRAND

 

Souffles Sauvages

Plasticienne, Marie-Christine Palombit a toujours eu du flair non pour capter le mouvement mais pour le libérer par le génie de son geste. Elle poursuit cette quête artistique sans hésiter à prendre différents chemins esthétiques : le pinceau de calligraphie révèle les ombres cachées de l’encre, l’alchimie du collage expose la puissance des formes discontinues, l’art du pastel trace avec force la ligne des corps. Le trait est souffle de vie, inlassablement, dans chacune des œuvres de l’artiste.

Avec la sélection des humus pochés choisie pour l’exposition « Souffles sauvages », la nature reprend ses droits avec joie et détermination en s’incarnant dans des silhouettes animales ou ayant forme humaine. Les énergies s’affirment et se répondent : la vitalité végétale se mêle aux couleurs minérales et traversent ainsi des corps prêts à bondir, comme à l’affût. Mais ici, la tension des muscles qui annonce l’imminence du saut n’a pas pour but la chasse ou le pouvoir. Marie-Christine Palombit exprime la puissance apaisée de la jouissance des sens. L’instinct est au service de l’harmonie. Les corps se laissent traverser par la poésie chromatique de la nature, qu’elle soit saisie par l’art photographique ou la réinterprétation libre de dessins et peintures qui tracent le cheminement de l’artiste.

Ces palimpsestes créatifs brouillent les pistes et libèrent des apriori en un coup d’œil : les silhouettes féminines sont viriles comme si leurs attributs classiques que sont les courbes et les chevelures se libéraient soudain de l’image fragile pour exprimer une réalité sauvage et affranchie. Enfin ! Les loups, ours et aigles, refusent de se laisser apprivoisés, mais ne fuient plus. Avoir délaissé le pelage et les plumes pour s’habiller d’art leur confère une magie nouvelle : faire apparaître l’énergie vitale de leur être et les liens indéfectibles avec les éléments. Chaque tableau propose d’abandonner les frontières entre inconscient et conscience, monde visible et invisible.  Pour ressentir les brises sauvages qu’insufflent les œuvres de Marie-Christine Palombit, il suffit juste d’accepter une nouvelle manière de respirer.

Sophie BERTRAND, Maître de conférences associé à Paris IV, Faculté de Lettres La Sorbonne, responsable de Gallica à la BnF