Texte de Denys CHOMEL

Marie Christine Palombit ou la voix du dessin.
Des séries de dessins comme un geste mille fois répétés pour arriver à cette perfection du sabre qui atteint la vitesse sans l’effort, et la justesse sans l’intention.
Regarder Marie Christine au travail, c’est assister à un rituel. Le sens et la précision de chaque geste est inscrit dans un tout : se préparer au dessin, dessiner et le dessin résultant sont une même chose.
Délimiter l’espace, préparer les coupelles, aligner les pinceaux, ordonner les couleurs, inviter le modèle à prendre place, l’accompagner du regard, voir sans regarder, respirer…
Dessiner, c’est aimer. Aimer et honorer l’essence des choses. Le dessin est une cérémonie animiste.
Choisir le papier, le couper, le plier, l’agencer en un cahier géant qui oblige à une gestuelle de danseur. La main, le poignet ne suffisent pas, il faut engager le bras, le buste, la colonne, le bassin…un tel geste est une énergie de tout le corps qui bouge et rythme en harmonie.
Le rythme des coupelles, que Marie Christine prend, pose déplace, le pinceau qui frotte, tapote, racle, repasse… Les mouvements cadencent, dessinent une intention sonore, sur laquelle la dessinatrice se cale instinctivement pour danser sur sa propre musique. Une musique qui expose le lien qui se tend entre l’artiste et le modèle, une musique du geste, du travail : prendre, saisir à distance, chaque outil a sa tessiture, chaque intention se traduit par un impact sonore : délimiter, caresser, inciser, coucher, replier, laver, tracer, remplir, gratter, coller…dessiner
Dessiner avec tout le corps, pour qu’il ne soit qu’une intention, et puis refermer l’espace, sourire au modèle pour lui rendre sa liberté de redevenir son propre corps et d’aller.
La cérémonie s’achève, chacune et chacun reprend possession de son espace, un moment partagé. L’espace redevient un atelier, la musique redevient des bruits de matériel qui se range. Marie Christine referme le cahier géant des dessins du jour.
Marie Christine « Senseï » pratique le dessin, elle en fait une discipline de vie, de spiritualité, un accomplissement.

Denys CHOMEL, Cofondateur de l’Ecole HETIC – Hautes Etudes en Technologies de l’Information et de la Communication – Montreuil-Paris