Texte de Philippe LOUGUET

Tout commence par le corps, ses flux, ses influx… le corps qui rêve et s’égare… le corps qui pense aussi… mais également, par le collage, le montage, le corps caméléon : La contamination des formes et des textures le fait tour à tour terre, vallées, collines, constellations… Alors, le grain du corps, du papier, celui du ciel, de la terre se confondent. À quoi donc nous convie la peinture ? À rien tant qu’à l’émerveillement du surgissement… au devenir désormais du corps créateur… morcelé, remembré en figures énigmatiques du pur signifiant. Dans l’intimité du carré comme forme close se joue alors une nouvelle géographie nerveuse, comme une carte empruntée à la psychogéographie d’Ivan Chtcheglov, un monde complexe qui porterait toute la complexion de l’être. Ainsi, le temps se fait espace dans l’épaisseur infinitésimale de la matière, où l’éclat du soleil illumine jusqu’à la profondeur. Et les routes de ce nouveau monde irriguent et nourrissent ce qui reste toujours à naître ici…

Philippe LOUGUET, Professeur-Chercheur-Historien et Critique d’Art